Dans un bureau d’études structure, une mauvaise organisation se paie cash : plans obsolètes, doublons de fichiers, notes de calcul non validées, versions introuvables… Ces dysfonctionnements ralentissent les équipes, augmentent le risque d’erreur et font perdre en crédibilité. Pourtant, il existe une méthode simple, efficace, éprouvée depuis des décennies dans l’industrie : la méthode 5S.
Initialement développée par Toyota dans les années 50 pour optimiser les ateliers de production, la méthode 5S est parfaitement applicable aux environnements de bureau, y compris techniques. Elle repose sur cinq principes d’organisation, simples à comprendre, mais puissants quand ils sont bien appliqués.
SEIRI = Trier
Premier réflexe : faire le tri. Trop de bureaux d’études stockent inutilement de vieilles versions de plans, des modèles de calcul dépassés, des bibliothèques de composants non utilisés. Le principe de Seiri, c’est de ne garder que l’essentiel pour le travail en cours. On archive ce qui doit l’être, on supprime le reste. Cela vaut aussi bien pour les fichiers numériques que pour les documents papier ou les bibliothèques de composants CAO.
Une bonne pratique : créer un dossier “Archives” bien structuré, avec des règles de conservation claires (par exemple, ne garder que les trois dernières versions d’un fichier). Ce tri libère de l’espace, clarifie les arborescences, et facilite les recherches futures.
SEITON = Ranger
Une fois l’inutile éliminé, reste à organiser ce qu’on garde. L’objectif est simple : pouvoir retrouver rapidement n’importe quel document ou fichier. Cela passe par une arborescence projet claire, cohérente, et partagée par toute l’équipe.
Un bon exemple de structure :
PROJET_[NOM]_[ANNÉE]/
├── 01_DONNEES_ENTREE/
├── 02_CALCULS/
├── 03_PLANS/
├── 04_CORRESPONDANCES/
└── 05_VALIDATION/
Chaque fichier doit suivre une convention de nommage rigoureuse : éviter les espaces, les caractères spéciaux, adopter une logique du type PROJET_TYPE_VERSION_DATE
.
Enfin, utiliser des préfixes numériques permet de maintenir l’ordre logique des dossiers. Ce rangement ne doit pas être théorique, mais pratique et partagé.
SEISO = Nettoyage
Nettoyer ne concerne pas seulement la poussière. En bureau d’études, cela signifie aussi nettoyer les fichiers temporaires, vérifier l’état des postes informatiques, mettre à jour les logiciels métier, et contrôler les sauvegardes. Le nettoyage régulier permet de détecter les problèmes tôt : lenteur des postes, stockage saturé, version de logiciel obsolète. Côté matériel, un clavier poussiéreux ou un traceur mal entretenu peut devenir une source de dysfonctionnement ou de perte de temps.
Il est utile de formaliser avec un planning : rangement quotidien, nettoyage hebdomadaire, mises à jour mensuelles, vérification périodique des sauvegardes.
SEIKETSU = Standardiser
Une fois les trois premiers S en place, il faut les rendre durables grâce à la standardisation. Cela passe par des modèles, des procédures, des checklists. Typiquement : un gabarit de dessin, des plans avec un cartouche standardisé, une procédure de validation documentaire, une checklist de vérification avant envoi au client.
Cette standardisation ne fige pas, elle facilite. Elle réduit les oublis, fluidifie le travail collaboratif et permet à un nouveau collaborateur de monter en compétence plus rapidement.
SHITSUKE = Discipline
Le dernier pilier, c’est la discipline. Il ne suffit pas de mettre en place des règles : encore faut-il qu’elles soient respectées dans le temps. Cela passe par une implication de la direction, des rappels réguliers, des points d’équipe, des audits légers, mais aussi par la valorisation des bonnes pratiques.
Intégrer les 5S dans les routines quotidiennes (réunions de lancement, clôture de projet, revues qualité) est un bon levier. La méthode ne tient que si elle devient une culture partagée.
La méthode 5S génère des gains concrets. Sur le plan opérationnel, on constate une réduction du temps passé à chercher l’info, une diminution des erreurs liées à la gestion documentaire, une meilleure fluidité dans les échanges, et une qualité de livrables plus constante. Sur le plan organisationnel, elle facilite l’intégration des nouveaux, améliore la traçabilité. Et côté humain ? Moins de stress, une ambiance plus claire, et une meilleure efficacité personnelle. Bref, une organisation qui respire.
Comment la mettre en place ?
La mise en œuvre se fait en trois temps. Une phase de préparation (1 à 2 semaines) pour sensibiliser l’équipe, former aux principes et définir le périmètre. Une phase de mise en place (4 à 6 semaines) pour appliquer concrètement les 5S sur un ou deux projets pilotes, ajuster, documenter. Puis une phase de consolidation continue, avec des revues régulières, l’intégration dans les rituels existants, et la formation des nouveaux.
Pas besoin de gros investissements. Un explorateur de fichiers avancé, un outil de nettoyage système, une plateforme collaborative type SharePoint ou Teams, et des logiciels métier bien configurés (AutoCAD, Revit, Tekla avec des modèles préremplis) suffisent à soutenir la démarche. Le vrai levier, c’est la clarté des règles et la régularité de leur application.
Les 5S ne sont pas une fin en soi, mais un point de départ vers une amélioration continue. Elles s’intègrent naturellement avec d’autres outils Lean comme le Kanban (gestion visuelle des tâches), le Kaizen (amélioration continue) ou le PokaYoke (éviter les erreurs). Elles préparent aussi à la transformation digitale : un environnement structuré facilite l’adoption du BIM, de l’automatisation ou des processus collaboratifs.
Dans un métier aussi exigeant que l’ingénierie structure béton, où rigueur, coordination et traçabilité sont clés, les 5S apportent une base solide pour professionnaliser l’organisation interne. Leur mise en œuvre est simple, progressive, peu coûteuse, mais très rentable. À condition d’y aller franchement, de s’appuyer sur des cas concrets, et de rester dans une logique pragmatique : moins de désordre, plus d’efficacité.
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